Prières de Carême

Prière de saint Ephrem le Syrien, récitée pendant le Grand Carême

Seigneur et maître de ma vie, ne m’abandonne pas à l’esprit d’oisiveté, d’abattement, de domination et de vaines paroles.

(grande métanie)

Mais accorde-moi l’esprit d’intégrité, d’humilité, de patience et d’amour, à moi ton serviteur.

(grande métanie)

Oui, Seigneur Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère, car Tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.

(grande métanie)

Ô Dieu, purifie-moi, pécheur.
(12 fois, avec petites métanies)

puis la prière toute entière, d’une traite.

Parmi toutes les hymnes et prières de Carême se trouve une courte prière que l’on peut appeler la prière du Carême. La tradition l’attribue à l’un des grands maîtres de la vie spirituelle, saint Éphrem le Syrien (+373). En voici le texte :

Seigneur et Maître de ma vie,
l’esprit d’oisiveté, de découragement,
de domination et de vaines paroles,
éloigne de moi.
L’esprit d’intégrité, d’humilité,

de patience et de charité,
accorde à ton serviteur.
Oui, Seigneur et Roi,
donne-moi de voir mes fautes
et de ne pas juger mon frère,
car tu es béni aux siècles des siècles. Amen.

Cette prière est lue deux fois à la fin de chaque office du Carême, du lundi au vendredi (on ne la dit pas le samedi et le dimanche, car les offices de ces deux jours ne suivent pas l’ordonnance du Carême). On la dit une première fois en faisant une métanie (prosternation) après chaque demande. Puis on s’incline douze fois en disant :  » Ô Dieu, purifie-moi, pécheur !  » Enfin on répète toute la prière avec une dernière prosternation à la fin.

Pourquoi cette courte et si simple prière occupe-t-elle une place aussi importante dans la prière liturgique du Carême ? C’est qu’elle énumère d’une façon très heureuse tous les éléments négatifs et positifs du repentir, et constitue en quelque sorte un aide-mémoire pour notre effort personnel de Carême. Cet effort vise d’abord à nous libérer de certaines maladies spirituelles fondamentales qui imprègnent notre vie et nous mettent pratiquement dans l’impossibilité de commencer même à nous tourner vers Dieu.

La maladie fondamentale est l’oisiveté, la paresse. Elle est cette étrange apathie, cette passivité de tout notre être, qui toujours nous tire plutôt vers le bas que vers le haut, et qui, constamment, nous persuade qu’aucun changement n’est possible, ni par conséquent désirable. C’est, en fait, un cynisme profondément ancré qui, à toute invitation spirituelle, répond :  » À quoi bon ?  » et qui fait ainsi de notre vie un désert spirituel effrayant. Cette paresse est la racine de tout péché, parce qu’elle empoisonne l’énergie spirituelle à sa source même.

La conséquence de la paresse, c’est le découragement. C’est l’état d’acédie, ou de dégoût, que tous les Pères spirituels regardent comme le plus grand danger pour l’âme. L’acédie est l’impossibilité pour l’homme de reconnaître quelque chose de bon ou de positif : tout est ramené au négativisme et au pessimisme. C’est vraiment un pouvoir démoniaque en nous, car le diable est fondamentalement un menteur. Il ment à l’homme au sujet de Dieu et du monde ; il remplit la vie d’obscurité et de négation. Le découragement est le suicide de l’âme, car lorsque l’homme en est possédé, il est absolument incapable de voir la lumière et de la désirer.

Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est précisément la paresse et le découragement qui emplissent notre vie du désire de domination. En viciant entièrement notre attitude devant la vie, et en la rendant vide et dénuée de tout sens, ils nous obligent à chercher compensation dans une attitude radicalement fausse envers les autres. Si ma vie n’est pas orientée vers Dieu, ne vise pas les valeurs éternelles, inévitablement elle deviendra égoïste et centrée sur moi-même, ce qui veut dire que tous les autres êtres deviendront des moyens au service de ma propre satisfaction. Si Dieu n’est pas le Seigneur et Maître de ma vie, alors je deviens mon propre seigneur et maître, le centre absolu de mon univers, et je commence à tout évaluer en fonction de mes jugements. De cette façon, l’esprit de domination vicie à la base mes relations avec les autres , je cherche à me les soumettre. Il ne s’exprime pas nécessairement dans le besoin effectif de commander ou de dominer les autres. Il peut tout aussi bien tourner à l’indifférence, au mépris, au manque d’intérêt, de considération et de respect. C’est bien la paresse et le découragement, mais cette fois dans leur référence aux autres ; ce qui achève le suicide spirituel par un meurtre spirituel.

Et pour finir, les vaines paroles. De tous les êtres crées, seul l’homme a été doté du don de la parole. Tous les Pères y voient le  » sceau  » de l’image divine en l’homme, car Dieu lui-même s’est révélé comme Verbe (Jn 1,1). Mais du fait qu’il est le don suprême, le don de la parole est par là même le suprême danger. Du fait qu’il est l’expression même de l’homme, le moyen de s’accomplir lui-même, il est, pour cette raison, l’occasion de sa chute et de son autodestruction, de sa trahison et de son péché. La parole sauve et la parole tue ; la parole inspire et la empoisonne. La parole est instrument de vérité et la parole est moyen de mensonge diabolique. Ayant un extrême pouvoir positif, elle a, partant, un terrible pouvoir négatif. Véritablement, elle crée, positivement ou négativement. Déviée de son origine et de sa fins divines, la parole devient vaine. Elle prête main forte à la paresse, au découragement, à l’esprit de domination, et transforme la vie en enfer. Elle devient la puissance même du péché.

Voilà donc les quatre points négatifs visés par le repentir ; ce sont les obstacles qu’il faut éliminer ; mais seul Dieu peut le faire. D’où la première partie de la prière de Carême : ce cri du fond de notre impuissance humaine. Puis la prière passe aux buts positifs du repentir qui sont aussi au nombre de quatre.

Si l’on ne réduit pas la chasteté, comme on le fait souvent de façon erronée, à son acceptation sexuelle, la chasteté peut être considérée comme la contrepartie positive de la paresse. La traduction exacte et complète du terme grec sophrosyni et du russe tsélomoudryié devrait être  :  » totale intégrité « . La paresse est avant tout dispersion, fractionnement de notre vision et de notre énergie, incapacité à voir le tout. Son contraire est alors précisément l’intégrité. Si par le terme de chasteté, nous désignons habituellement la vertu opposée à la dépravation sexuelle, c’est que le caractère brisé de notre existence n’est nulle part ailleurs plus manifeste que dans le désir sexuel, cette dissociation du corps d’avec la vie et le contrôle de l’esprit. Le Christ restaure en nous l’intégrité et il le fait en nous redonnant la vraie échelle des valeurs, en nous ramenant à Dieu.

Le premier fruit merveilleux de cette intégrité ou chasteté est l’humilité. Elle est par-dessus tout la victoire de la vérité en nous, l’élimination de tous les mensonges dans lesquels nous vivons habituellement. Seule l’humilité est capable de vérité, capable de voir et d’accepter les choses comme elles sont et donc de voir Dieu, sa majesté, sa bonté et son amour en tout. C’est pourquoi il nous est dit que Dieu fait grâce à l’humble et résiste au superbe (Pr 3,34 ; Jc 4,6 ; 1P 5,6).

La chasteté et l’humilité sont naturellement suivies de la patience. L’homme  » naturel  » ou  » déchu  » est impatient parce que, aveugle sur lui-même, il est prompt à juger et à condamner les autres. N’ayant qu’une vision fragmentaire, incomplète et faussée de toutes choses, il juge tout à partir de ses idées et de ses goûts. Indifférents à tous, sauf à lui-même, il veut que la vie réussisse ici-même et dès maintenant. La patience, d’ailleurs, est une vertu véritablement divine. Dieu est patient non pas parce qu’il est  » indulgent « , mais parce qu’il voit la profondeur de tout ce qui existe, parce que la réalité interne des choses que, dans notre aveuglement, nous ne voyons pas, est à nu devant lui. Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous devenons patients pour tous les êtres, qui est la qualité propre de Dieu.

Et enfin, la couronne et le fruit de toutes les vertus, de toute croissance et de tout effort, est la charité, cet amour qui ne peut être donné que par Dieu, ce don qui est le but de tout effort spirituel, de toute préparation et de toute ascèse.

Tout ceci se trouve résumé et rassemblé dans la demande qui conclut la prière de Carême et dans laquelle nous demandons  » de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère « . Car, finalement, il n’y a qu’un danger : celui de l’orgueil. L’orgueil est la source du mal et tout mal est orgueil. Pourtant, il ne me suffit pas de voir mes propres fautes, car même cette apparente vertu peut tourner en orgueil. Les écrits spirituels sont remplis d’avertissements contre les formes subtiles d’une pseudo-piété qui, en réalité, sous couvert d’humilité et d’auto-accusation, peut conduire à un orgueil vraiment diabolique. Mais quand nous  » voyons nos fautes  » et  » ne jugeons pas nos frères « , quand, en d’autres termes, chasteté, humilité, patience et amour ne sont plus qu’une même chose en nous, alors et alors seulement, le dernier ennemi – l’orgueil – est détruit en nous.

Après chaque demande de la prière, on se prosterne. Ce geste n’est pas limité à la prière de saint Éphrem, mais constitue une des caractéristiques de toute la prière liturgique quadragésimale. Ici, cependant, sa signification apparaît au mieux. Dans le long et difficile effort de recouvrement spirituel, l’Église ne sépare pas l’âme du corps. L’homme tout entier, dans sa chute, s’est détourné de Dieu ; l’homme tout entier devra être restauré ; c’est tout l’homme qui doit revenir à Dieu. La catastrophe du péché réside précisément dans la victoire de la chair – l’animal, l’irrationnel, la passion en nous, – sur le spirituel et le divin. Mais le corps est glorieux, le corps est saint, si saint que Dieu lui-même s’est fait chair (Jn 1,14). Le salut et le repentir ne sont donc pas mépris ou négligence du corps, mais restauration de celui-ci dans sa vraie fonction en tant qu’expression de la vie de l’esprit, en tant que temple de l’âme humaine qui n’a pas de prix. L’ascétisme chrétien est une lutte, non pas contre le corps mais pour le corps. Pour cette raison, tout l’homme – corps, âme et esprit – se repent. Le corps participe à la prière de l’âme, de même que l’âme prie par et dans le corps. Les prosternations, signes psychosomatiques du repentir et de l’humilité, de l’adoration et de l’obéissance, sont donc le rite quadragésimal par excellence.

Extrait d’Alexandre Schmemann, Le Grand Carême :
Ascèse et Liturgie dans l’Église orthodoxe.
Éditions de l’Abbaye de Bellefontaine, 1977.
Reproduit avec l’autorisation des
Éditions de l’Abbaye de Bellefontaine.

lien du canon / молитвенная ссылка :

https://drive.google.com/file/d/1PJbMZ4iMt9AnYS3dFfekiy3n-4A2TeRR/view?usp=sharing

le vécu Liturgique en « carême »

Le vécu liturgique pendant la grande &
Sainte Carême chez les Orthodoxes (18.III.18) :
§ Chaque année pendant sept semaines les paroisses deviennent des vraies monastères sur le plan liturgique et qui fonde notre recherche des larmes du repentir nous nous nourrissons attentivement de l’héritage monastique qui est notre théologie à tous. Cela, pour purifier, purger nos cœurs, pour nous envelopper d’une sobriété qui permet de la joie pascale. On doit savoir se préparer et persister dans le jeune, les aumônes et la confessions. C’est la norme pour tout chrétien depuis des siècles.
§ Reprenons l’histoire du la création du carême dans ces grandes lignes. Au début dans les communautés proto-monastiques du IVè siècle, il n’y avait pas de chant chez les moines parce qu’ils disaient que cela empêchait la componction. Dans les Sentences du désert (Apophtegmata) on décrit des synaxes gardant une grande sobriété. Leur leitmotif : « Dieu pardonne moi et sauve moi  » était comme dans le psaumes. Cette prière est un cri parti du plus profond de nous-même.
§ Pour comprendre cette recéption de la révélation sous forme de parole, il faut savoir qu’en Orient l’oraison liturgique, en dehors des saintes écritures, n’a jamais connu la prose. Tout est poésie, récité à haute voix, et cette théologie restera en vers ; plus tard elle développera un chant simple où les trois ou quatre notes sont dictées par le sens des mots, la syntaxe des vers, et pas l’inverse. Les mots donne le ton, Les mélodies monastiques étaient rares et utilisée que pour les grandes fêtes. Ensuite, les narratives bibliques, exécuté en alternance par deux voix ou deux choeurs antiphonant permettent de prier avec les oreilles et les lèvres. On continuait d’ emprunter énormément de la Bible toujours en poésie et cela pour adopter des voix de ceux qui ont cru avant nous en présence de Dieu. On meuble de poésie théologique chaque jour de l’année. Le personnage de l’orant est arrimé par exemple à David (ps. 50) et les expériences des patriarches et les prophètes et des saints de tous les siècles jusqu’au XXIè. On trouve cette jour par jour hymnographie dans les livres des mois ou Ménées. Ensuite on a on commencée à intercaler des versets / des « stichères » entre les versets des cantiques et entre les stances des psaumes. Ce mélange des extraits de l’Ancien et le Nouveau Testament doit être vécu pour ne pas être trop étonnant. Elle sert a prolonger les office , nos prières sans que cela devient ennuyante. Donnant un exemple extrême, déjà certains psaumes pouvaient être lus à l’envers de la fin vers le début (même si on ne faisait jamais cela) sans perdre leur valeur de prière.
Les personnages en prière deviennent des modèles de soi ; l’orant les interprète à partir des cantiques biblique, et ainsi ils deviennent des voix chrétiennes , modèles de pénitence. Elles vont se répandre jusqu’en dans les paroisses (XIè siècle) et les cathédrales, un monachisme liturgique pour le carême de chacun. Ceci est primordial ! Des canon du repentir (penthos =tristesse dirigé vers mon fort intérieur) déjà tel que celui de St. André de Crête (650-740), que vous connaissez, montre des dizaines de modèles bibliques dont l’orthodoxe emprunte la voix et le pathos. Sur ces recitatives recto-tono le sens poétique était cadencé articulant les émotions monastiques pour soulever l’orant isolés dans sa déconsolation. Cette théologie vient directement des grand pères Cappodociens du IVè siècle (Sts. Basile, St Grégoire de Nysse et St. Grégoire de Nazianze). En bref, le chœur monastique était la chaire de la théologie, de même que les chœurs paroissiaux, et quel chair, car leurs paroles mettent à genoux les fidèles cherchant dans leurs coeurs la proximité perdue du Seigneur ! Cette poésie fondé, incarné dans les sémitismes psalmiques dans une style très syrien, comme en témoigne le plus grand hymnographe St. Ephrem le Syrien (306-373). Ensuite (trois siècles après) on trouve St. Jean Damascene ( 676-749) au monastère de St. Sabas près de la mer morte, St. Cosmos l’Idiomèle, St. André de Crète, tous compositeurs de poésie pour les cinquante jours avant Pâques. Remarquons le bien, tous les syriens, même s’ils écrivent en grecque. L’ordo monastique si sobre du monastère St Sabbas ensuite était transporté partout dans l’Orient chrétien avant de se fondre avec l’ordo cathédrale à Constantinople avec St. Théodore le Studite (759-826) pour tisser cette fibre poétique si coloré dans le tissue byzantine. Jusqu’à nos jours les orthodoxes suivent cet ordo qu’on appelle typikon, qui nous vient de St. Sabbas.
Le Triode, livre de cette théologie en prière du carême, composé dans l’ascèse de la componction est cette anthologie, employé à la place du livres de huits tons pendant les cinquante jours de carême, contient la poésie ascétique qu’il cherche d’enter, de rester et d’imprégner nos cœurs. Cette poésie du Carême comme celle des huit tons qu’on trouve dans le livre de la Consolation ( =Paraclitique ou livre des huit tons) était choisie pour prolonger les carêmes, pour qu’on entendent cela pendant toute l’année. Composée et choisies pour sa valeur théologique, le chœur repète l’un ou l’autre anthologie pendant toute l’année et ainsi reste notre chaire de cette théologie. Les sept conciles œcuméniques sont présent comme des confessions de la foi quotidiens dans les matines et les vêpres.

§ Qu’en est-il du déroulement du carême dans le temps chez les chrétiens orientaux ? Les paroissiens orthodoxes égrènent les semaines du carême par des noms qui leurs viennent de l’évangile. Ils comptent le temps préparatoire avant le début du carême : dimanche de Zachée ; dimanche du Publicain et du Pharisien ; du Fils Prodigue ; et du Jugement dernier. Cela nous met en dans l’atmosphère pénitentielle par des psaumes chantés sur les mélodies pénitentielles que nous entendions seulement pendant ces quatre semaine comme le psaume Ps. 136 « Sur les bords des fleuves là nous étions assis et nous pleurions… » Les orthodoxes sont pas les seuls des nostalgiques de Dieu. C’est en Orient de nos jours qu’on ravive ces deuil tel que le Ps. 136 et ensuite imprégnés par cette mélodie depuis l’enfance, on attend impatiemment le début des semaines préparatoire du grand carême en sachant ce qui nous attend, une libération par des larmes de repentir, et sinon des larmes de la déconsolation de n’avoir pas pur se confesser depuis Noel il aurait fallu.
Ces semaines préparatoires évoquent l’humilité de Zachée : l’humble ; l’orgueil du pharisien et la modestie du publicain et encore : le fis prodigue devenu encore plus humble devant la bonté du Père, et en fin le jugement dernier, le salut porté à l’attention aux pauvres en Esprit.
Au seuil de carême, le Dimanche du grand Pardon, le repentir est annoncé par le chant en mode mineur de la grande nostalgie : « Ouvre moi les portes du repentir o Donateur de vie… »
Ouvre-moi les portes de la repentance
Τῆς μετανοίας ἄνοιξόν μοι πύλας
Ô Donateur de Vie,
Ζωοδότα·
Car devant Ton Saint Temple
πρὸς ναὸν τὸν ἅγιόν σου,
Veille mon esprit
ὀρθρίζει γὰρ τὸ πνεῦμά μου,
Portant le temple
ναὸν φέρον
très impur de mon corps
τοῦ σώματος, ὅλον ἐσπιλωμένον·
Mais Toi, Ô Compatissant,
ἀλλ’ ὡς οἰκτίρμων
Purifies-moi, dans Ta grande Miséricorde.
κάθαρον, εὐσπλάγχνῳ σου ἐλέει.
Et aussi par pendant toutes les semaines suivantes par la prière de St. Ephrem le syrien qui dit tout :
Seigneur et Maître de ma vie,
éloigne de moi l’esprit d’oisiveté, de découragement,
de domination et de vaines paroles.(prosternation la tête contre le sol)

Mais accorde à ton serviteur, l’esprit d’intégrité, d’humilité,
de patience et de amour, (prosternation la tête contre le sol)
Oui, Mon Seigneur et mon Roi,
donne-moi de voir mes fautes
et de ne pas juger mon frère,
car tu es béni aux siècles des siècles. Amen.

Et quand finalement on peut commencer les grand prosternations en disant : « Seigneur de Maitre de la vie ne permet pas en moi… » , on se rappelle de tant de fois où je suis tombé dans ces écarts. Autour de moi toute la paroisse est à genou aussi. Et on continue : « Mais donne a ton serviteur l’esprit de ‘humilité de chasteté, de patience et d’amour. Oui Seigneur Donnes- moi de voir mais propre fautes et de ne pas juger mon frères car tu es béni dans les siècles de siècles. » Quelle soulagement de parler vrai à son propre propos. La liberté c’est cette humilité qui ouvre grand les portes du repentir et laisse entrer la lumière du paradis§ On termine ces vêpres de pardon par demander pardon à genou les uns aux autres individuellement, en disant : « Pardonnes moi mon frère/ ma sœur toutes mes fautes volontaires et involontaires et pries pour moi pécheur.3 »
§ Déroulement des semaines de Carême : Le dimanche de Pardon se dit aussi et cela paradoxalement le dimanche de l’exil d’Adam du paradis notre premier père. Il demandait des prières pour son exil aux feuilles des arbres du paradis dont il entendait le bruissement grâce à la brise de ce jardin, mais il voyait ce mouvement, de loin, de l’extérieur. La nostalgie du paradis perdu lui emplit de tristesse à tel point qu’il leur demande à ces feuilles de prier pour lui à leur manière. Nous aussi nous essayons de faire perdurer quarante jours une nostalgie paradisiaque jusqu’à la grand et sainte semaine de la Passion. La première semaine de carême nous commençons à réciter quatre jours de suite, de lundi à jeudi, le canon pénitentiel de St. André de Crète. C’est une école de larmes maintenant visiblement nous sépare de Dieu. Tous les étoffes de l’église dès dimanche soir du grand Pardon sont échangées pour des couleurs sombres ainsi que les vêtements des prêtres et les chants passent en tons mineurs, et cela jusqu’à le grand samedi, la descente du Christ aux enfers.
§ Plus de télévision, plus de viandes, plus de sorties sociales, plus de romans, plus de cinéma, plus de vin, plus de produits laitières (fromages, yaourts, etc.), plus d’œufs, poisson , car tout cela qui soutenaient notre morale par distraction. Ce sont pas des interdits mais des normes à adopter selon ses capacités. Le fait de bavarder moins, de dormir moins, nous fait changer de vêtements, psychologiquement parlant. On finit par devenir provisoirement un peu moines et cela nous plait car on est plus libres pour être en face « de celui qui est ».
§La paix du carême relève d’une joyeuse tristesse, le soulagement d’être devenu plus honnête. L’hymnographie du Triode est là à tout moment pour nous encourager à ne pas lâcher prise. La première semaine et carême on jeune tant que faire se peut, des journées entières pour beaucoup ; savoir manger très peu c’est chrétien et ainsi partager davantage autour de soi.
Puis le première dimanche de carême c’est le triomphe de la théologie de l’incarnation du Christ proclame en 787 au VIIè concile œcuménique. La légitimé de vénérer les icônes du Christ et de la Mère de Dieu enracine notre prière dans l’incarnation du Messie fait homme venu pour sauver tous les hommes qu’ il rassemble. Il est notre Sauveur (Sautir) notre victoire (le mot nika est inscrit sur l’agneau eucharistique) sur le mal installé en nous, ravageant le monde autour de nous. Nous sentons déjà à six semaines de Pâques que c’est possible de croire à la vie et de croire qu’on ne pas mourir. Ce dimanche on fait une procession autour de l’église, chacun portant son icône de son saint patron, de la Théotokos, du Christ, qui reste tous les jours devant nous, s’approchant de nous, entendant notre difficulté d’être. Les psaumes ne disent rien d’autres que cela. Le Seigneur est et s’appelle Présence !
§ L’agenda, la thématique de la théologie est fixé par l’histoire des hommes, par leur quête du salut et donc celle de la révélation telle que nous la recevons par notre propre chemin autobiographique vers mon Christ.
§ De même que les mots donne les tons et les notes de même les dimanches marquent l’approche de la grande semaine de la Passion
§En même temps qu’on se dépouille , on prépare les fleurs pour la croix au mi-carême, les œufs peints au sixième semaine avec les vœux pour les amis lointains, ; on expédie les aumônes et puis la semaine sainte on trouve des cierges rouges, su fromage frais pour faire du pascha, l’agneau à rôtir, etc. L’impatience de la fête est calmée par la crainte de contempler la Passion , salut et jugement du monde.
§ Fête de fête ce 8è jour appartient déjà au royaume , sacrement d’un fin (telos) qui vient comme une personne
§Pour résumer le 1er dimanche il faut pardonner pour pouvoir entrer en Carême. 1er dimanche on commence avec l’anaphore eucharistique de St. Basile presqu’aussi complet que celui de St. Jacques. Le 2è dimanche on commémore la théologie des hésychastes de Mt. Athos (St. Grégoire Palamas et St. Grégoire le Sinaite) ; le 3è dimanche on commémore la sainte, glorieuse et vivifiante Croix car  » l’endroit du gibet était le paradis ». Le 4è dimanche consacré à l’ Echelle de St. Jean de Sinai nous méditons avec réalisme ascétique sur la place de l’humilité. Pour la 6è dimanche la biographie de Ste. Marie l’Egyptienne est lu pour nous rappeler la grandeur de sa conversion. Et puis à la fin du 6è semaine, pendant la vigiles de vendredi soir et la divine liturgie de samedi matin, avec des tonalités fortement pascale, nous commémorant la résurrection de Lazare. Ceci nous amène aux Rameaux , au seuil de la grande et Sainte semaine de la Passion…
§Pendant cette semaine sainte chaque soir à genou on chante « Voici l’Epoux qui vient à la minuit….. »